(1) Préambule

JBF 15.05
Cher Jean-Claude,

Aurais-tu le temps de répondre de temps à autre à des questions que je souhaiterais te poser ? J’aimerais ensuite rassembler tout cela pour en faire un entretien (que nous pourrions mettre en ligne, sans imaginer de délai précis).

Je pense à cette façon de procéder (que du très classique !) :
                je t’envoie une question…
                tu me réponds quand tu le souhaites, de façon brève ou développée…
                m’appuyant sur ta réponse, je te pose une nouvelle question.

Je pense aborder nos « problématiques fétiches » (la pratique de l’art, l’exposition comme dispositif, l’identité de l’art), mais aussi d’autres points concernant (par exemple) la musique (le hardcore, les musiques extrêmes) ou encore la barbarie…

J’ai conscience que cet échange pourrait avoir quelque chose de très ennuyeux pour toi, c’est pourquoi —ne voulant rien t’imposer— je formule ci-dessous une première question (vois si tu souhaites enchaîner) :

Penses-tu que l’artiste puisse répondre, à l’heure actuelle, de façon intelligente à la machine qu’incarne l’exposition ? Ou penses-tu au contraire que celui-ci devrait s’en écarter à la place de tenter de la subvertir, de la contester, etc. ? En d’autres termes à quoi revient aujourd’hui pour toi un positionnement pertinent ?


JCM 16.05
C'est très volontiers que je répondrai favorablement à ta proposition. Deux remarques cependant :

— tout en conservant la formule d'allers-retours que tu proposes, ne serait-il pas possible de procéder à un entretien à distance plutôt qu'à un simple échange de questions-réponses ?

— plutôt que de mettre en ligne l'entretien seulement une fois terminé, ne serait-il pas plutôt possible de l'y mettre au fur et à mesure de nos répliques respectives à la façon d'un blog sans pour autant respecter la cadence (que je ne saurais en tout cas pour ma part respecter) d'une intervention quotidienne ?


JBF 17.05
Je suis vraiment très heureux que tu acceptes ! Je souhaite que ce ne soit ni usant ni trop ennuyeux pour toi.

Bien sûr : entretien à distance (plutôt que questions-réponses) et blog, pour une mise en ligne progressive, je vais me renseigner sur ce point.

Concernant le rythme des envois, je m'adapterai complètement au tien.

En ce qui concerne l’intitulé du blog, nous pourrions repartir d'un de tes titres, par ex. : « Ça va faire mal ! ».


JBF 17.05
Il m'a fallu faire au plus simple, je l'ai appelé : « j-c-moineau-j-b-farkas-entretien » !


JCM 17.05
Tu as été super vite en besogne !

Cet entretien (puisqu'il ne s'agit plus seulement d'un échange de questions et de réponses) pourrait-il commencer par un entretien sur la « forme-entretien » en tant que telle avant d'aborder la « thématique » de l'exposition ?

(ce qu'on pourrait éventuellement faire précéder par quelques répliques concernant ta proposition de départ avec la question que tu voulais poser, ma « contre-proposition », ton accord et ma présente proposition)

ou préfères-tu démarrer abruptement sur l'expo ?


JBF 18.05
Un entretien sur la « forme-entretien » en tant que telle : je te suis !
Que penses-tu de cela ?

Avant d’aborder certaines interrogations inspirées par la lecture de tes ouvrages —et nous pourrions choisir, comme tu me le proposais, de faire apparaître ceci en guise de préambule— j’aimerais savoir ce que tu penses, d’une façon générale, de l’entretien comme forme. En t’envoyant, il y a quelques jours, un mail pour te soumettre mon désir de procéder à cet échange, j’ai douté plusieurs fois du fait que celui-ci puisse offrir à un lecteur des idées aussi déterminantes que celles que tu fais figurer dans tes livres. Bref, à quoi bon revisiter ce dont tu parles déjà, de façon extrêmement poussée, dans L'Art dans l'indifférence de l'art, dans Contre l'art global, Pour un art sans identité ou encore dans Retour du futur, L’Art à contre courant ?

Il s’ensuit qu’une première question s’impose :

Un entretien peut-il livrer « quelque chose », éclaircissement, interstice, réfutation, que l’œuvre elle-même ne contient pas ? Je ne peux m’empêcher de penser à Genette préfixant le mot texte, pour montrer comment le langage écrit est assigné à plusieurs modes d’existence et peut, malgré qu’on le présume identique à lui-même, appartenir en réalité à des régimes distincts ?